Saveurs entrelacées


La saveur évoque le sens du goût, la délicatesse et un charme indicible. C'est en soi un art de la détecter, d'en jouir. Mais lorsque les saveurs se mélangent, elle requiert un art encore plus juste, une humanité plus profonde, un sens plus aigu et une présence totale.
En réalité, plusieurs saveurs ne se mélangent pas, elles s'entrelacent. Dans cette alchimie, l'esprit de chacune reste, mystérieuse, mais présente, tout en s'harmonisant avec l'autre. Un art musical. Comme les épices que les gourmets tentent d'identifier dans un ensemble de saveurs.

Dans une boutique spécialisée d’épices - à Barcelone - je me souviens être ressortie dans un état proche de l’ivresse par ces senteurs multiples et embrassées.


Souvent, cette métaphore m'apparaît en art, lorsqu'on crée ou l'on se trouve devant une œuvre qui dégage cet attrait grisant du mélange mystérieux.

Dialogue

Seul qui aime ses propres saveurs, peut apprécier celles de l'autre, des autres.
La culture, l'art devrait réagir selon ce modèle infiniment lié, imbriqué. Une saveur formée de multiples identités qui lui donnent son goût incomparable tout en respectant le mystère de ses éléments.

Identité, identitaire

Dans le mot identité, il y a identique. Être identique à quoi que ce soit, y compris à soi-même est une vue de l'esprit. C'est même inquiétant de le penser. Poursuivre une chimère. C'est pourquoi, la quête identitaire est souvent tragique et mortifère dans la réalité.


Le temps n’existe pas

mais bien la sensation de la temporalité.
Mettre les horloges à l'heure, expression typiquement helvétique n'a de sens que s'il y en a plusieurs. Et s'il y en a plus d'une, alors la synchronisation suppose reconnaître la différence de l'autre. Pas si simple, mais on s'en sort et c'est très riche. Je peux vous l'affirmer par expérience.
La notion de temps est centrale dans la reconnaissance de l'autre, sans vouloir le ramener à sa propre temporalité, de gré ou de force, mais d'apprendre chacun quelque chose de l'autre.
Le respect est un enchevêtrement entre le respect de soi et celui de l'autre. On ne peut donner ce que l'on n'a pas.